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Gilles en visite au Foyer Pierre du Pauvre de Kara, Togo

Venir à Kara, c'est un besoin de l'association "Le Chêne de Mambré" qui soutient depuis maintenant 40 ans, le Foyer Pierre du Pauvre de Kara. C'est aussi un besoin pour les cadres de ce foyer togolais, d'être visités et ainsi confirmés dans leur travail. Ce foyer héberge des enfants pauvres ou orphelins de la région de Kara, au Togo.

Du samedi 1er au lundi 3 février

Publié le 5 Février 2020 par Gilles et Catherine LORTEAU in Séjour de Janvier 2020

Samedi 1er février

 

 

Chaque matin, je prends une tisane d’artémisia en prévention du palu. J’avais de la poudre de feuilles que je mangeais mais j’ai dû refaire mon stock en feuilles et branches qu’on consomme en tisane.

 

Avec Nestor, nous fabriquons des glissières métalliques pour la machine à bois. Nous irons poser cela lundi ou mardi prochain.

 

Pendant ce temps, les apprentis commencent la démolition des anciennes toilettes de la cour des Manguiers. Je suis content de voir commencer ce chantier. Certains des apprentis sont vraiment très fort et portent des plaques de béton pour les mettre en tas.

 

Démolition des toilettes avec Thomas, Job et David, apprentis du Foyer

Et la bonne surprise, c’est que la fosse septique placée juste en dessous est de bonne taille, les déchets présents depuis des années sont fluides avec l’eau ajoutée depuis quelques jours.

 

Un jeune voisin vient avec son vélo pour qu’on regarde la roue arrière : le mécanicien lui a dit que le « maillot » (au lieu de moyeu en France) était à changer. Nous démontons la roue, l’axe de roue pour découvrir que les billes se promènent dans les roulements. Je lui propose de nettoyer tout ça et de remettre les billes en place : il en manque 3. il repart tout content de savoir qu’il faut qu’il trouve quelques billes de « maillot ».

J’accepte de plus en plus qu’il y a un Français togolais. Le logiciel LibreOffice propose plus de 10 variantes de Français dans les paramètres de langue dont celui du Togo.

Mais souvent, les Togolais me demandent de leur indiquer le vrai mot utilisé en France. Quand l’occasion se présente.

 

Vers 11h30, Moïse vient me chercher en moto pour aller déjeuner avec les prêtres de sa paroisse où nous avons remis en état la sonorisation. Comme traditionnellement, le Père Matthias nous sert l’eau de bienvenue avant les salutations. Un repas de fête a été préparé. 3 autres prêtres viennent manger. Nous mangeons pratiquement en silence. Il n’y a que moi qui glisse quelques sujets d’échange. Mais après avoir été écouté, le repas continue sans échange. C’est la tradition. Je n’en connais pas le sens, il faut que je me renseigne. À la fin du repas, nous discutons un peu plus mais chacun doit aller à ses occupations.

Nous repartons vers la fête de la danse Soo pour la belle-mère de Pierre, l’infirmier du Foyer. J’y retrouve Michel et Julienne, les jeunes du Foyer et beaucoup de personnes rencontrées lors des funérailles pour le papa de Michel. Nous reprenons une voiture (la R21 du Foyer) pour aller vers un deuxième lieu. La piste est coupée par endroit par des ruissellements de la saison des pluies. La R21 passe, j’en suis étonné. Nous y restons une heure et demie puis nous rentrons.

Au retour, Boris m’attend pour changer le dérailleur de son vélo et continuer les réglages. Ce vélo mériterait un graissage total mais ici, c’est difficile de trouver une burette d’huile. L’entretien du vélo n’est pas bien connu et pourtant, l’environnement est très agressif.

 

 

Dimanche 2 février

 

Tôt, Bernard vient me chercher pour aller acheter une trentaine de pains à « 100 F-100 F » pour le pique-nique du jour, car nous partons tous visiter les « maisons Tata » du peuple Temberma. C’est à 65 km de Kara. Chaque année, je propose une sortie un peu culturelle pour que les jeunes découvrent leur région. La distribution du pique-nique (pain + spaghetti sauce tomate dans un sac plastique + morceau de viande de bœuf frits) est toujours délicate, car les inscrits ne sont pas tous là. Nous montons dans le camion pour quitter le Foyer vers 7h45 au lieu de 7h00.

Il y a 50 km de goudron jusqu’à Kanté puis 15 km de piste assez bonne, mais en camion, c’est quand même inconfortable.

Le site est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Un zone de 500 km2, le pays Koutammakou, est protégée pour conserver au mieux ces maisons à l’architecture étonnante. Ce peuple animiste a inventé une solution pour se défendre de ses ennemis : une maison entièrement en terre, fermée, avec des pièces intérieures organisées pour la défense, sans fenêtre. Il y a un étage pour une chambre et les greniers. C’est un petit château fort.

Sur le toit d'où on aperçoit une autre maison Tata
Un jeune monte au sommet d'un grenier
Le groupe se déplace entre les maisons appartenant au chef du village

Au retour, nous faisons la pause repas au pied d’un pont où des femmes sortent le sable de la rivière pour la vente. Un Peul (peuple éleveur plutôt nomade) relève ses filets grâce à sa pirogue.

 

Le pont construit par les allemands au pied du pont actuel.
Une femme retire le sable de la rivière
Une femme retire le sable de la rivière
Un Peul relève ses filets

 

À Niamtougou, nous nous arrêtons à l’aéroport construit par le président. Il ne sert que pour lui. Il y a un bar où nous prenons une boisson sucrée.

 

Au bar de l'aéroport de Niamtougou

Retour à Kara. Cette sortie a été un peu chère, plus de 100 € pour 23 personnes. L’équivalent de deux smic togolais.

 

 

Lundi 3 février

 

Le matin, j’ai pu rencontrer Michel (directeur du foyer). Il a eu un entretien avec une personne avant de me dire qu’il ne fallait pas qu’il reste dans son bureau sans quoi, on serait dérangé. Il était absent du Foyer depuis le 7 ou 8 janvier pour gérer les funérailles de son papa.

Les traditions sont importantes dans la cohésion familiale. C’est la solidarité familiale qui reste une garantie de sécurité financière pour chacun : c’est une « tontine ». Mais, cette tradition a des dérives liés au pouvoir. Et plusieurs personnes que j’ai pu rencontrer en sont conscients.

Alors, j’ai pu présenter à Michel ce que j’ai fait pendant son absence. Cela nous a mené jusqu’au repas du midi.

 

Je vois Catherine, la couturière, qui apporte une robe que j’avais commandée : je la connais depuis 7 ans. Michel l’appelle « patronne » ce qui la « bouscule » même si c’est vrai, en fait.

Vers 14h00, le menuisier qui avait changé des portes au Foyer devait venir pour constater des défauts : je l’ai attendu et n’ai pas pu faire de sieste. Il n’est pas venu.

 

Je suis parti avec Nestor vers 15h30 au Centre artisanal pour continuer l’installation de la machine : placer des prises de courant solides. Bérenger, un apprenti maçon, avait demandé à nous accompagner pour sceller les prises. Il vient souvent vers moi pour que je l’occupe.

 

Le résultat final dans l'atelier de menuiserie
Bérenger scelle une prise
Nestor attache un câble au mur

Nous retrouvons le menuisier qui devait passer à 14h00. Il a été retenu sur un chantier. Ce genre d’excuse est courante, et personne n’est dupe. Il part alors seul constater les défauts. Quand il revient, il me dit que la porte était fermée à clé. Mais que les jeux trop grands sont dus au vent qui sèche le bois. (J’ai mesuré : 1,5 cm de différence de largeur entre le haut et le bas de cette porte ! On ne voit pas ça sur les autres portes.) Je retrouve leur difficulté à être précis dans leur travail et à prendre leurs responsabilités.

 

En rentrant vers 18h00, je retrouve Donatien qui conduit les travaux de restauration des toilettes : il a fait livrer le sable, le ciment. Demain, la fabrication des parpaings va commencer.

Le projet de ces nouvelles toilettes évolue un peu chaque jour : il sera possible d’ajouter un toit plus long et créera un abri pour les vélos. Des grilles les protégeront du vol.

 

Donatien vient d’obtenir un ordinateur que j’ai apporté : il l’a payé 30 000 F, soit 45 euros, auprès de Rosalie du service social du Foyer. La vente permet de réguler les demandes et les jalousies qu’entraînent les dons gratuits. De plus, si l’ordi tombe en panne rapidement, Rosalie rembourse. Et c’est complètement nouveau, ici au Togo, de faire une garantie sur le matériel d’occasion. J’avais fait la proposition l’an dernier et elle a été adoptée. Ces ventes procurent un petit revenu qui constituent, pour le moment, une caisse de secours pour la trésorerie du Foyer.

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