Justine m'emmène dans son village

Justine habite le 19ème arrondissement de Paris et est ancienne du Foyer Pierre du Pauvre. Comme elle venait à Kara voir sa famille, elle est venue me chercher pour aller découvrir son village natale.

Vers 16h00, elle entre au foyer et me dit en me voyant : Tu es prêt ?

J'aurais dû être prévenu mais la nouvelle n'était pas encore arrivée jusqu'à moi. Je laisse ceux avec qui j'étais et part dans la voiture qui avait amené Justine. Quelques grincements mais bonne voiture. Nous prenons la direction du nord et roulons pendant une demie heure en prenant la route de PIA, puis en laissant Tcharé sur notre droite pour prendre une piste en latérite refaite récemment sur laquelle le conducteur pouvait rouler à 80 km/h.

Enfin, nous prenons un chemin à peine carrossable où la voiture passe de caillou en caillou, tout en montant dans les montagnes. A l'entrée du chemin, nous montons un homme qui porte une croix chrétienne au cou, c’est le cousin de Justine qui est catéchiste.

Nous nous arrêtons 10 mn après.  Le conducteur gare la voiture sous un grand manguier et nous continuons à pied en montant à travers les sillons des cultures de sorgo vers les maisons qu'on aperçoit plus haut.

Et voici le petit village de la famille de Justine.

De là, on découvre toute la plaine. C’est magnifique, il y a de l’air.

On rentre dans la cour entre les maisons, je dis bonjour à la maman de Justine, à un jeune homme, à des petits enfants (quatre) ; on s’assoit, on boit l’eau (c'est l'hospitalité togolaise), les petits enfants augmentent en nombre (ils sont huit maintenant). Ce sont les enfants des voisins.

Puis sans plus discuter, Justine propose qu’on ressorte de la cour pour le repas, en allant sous un grand manguier d’où l’on voit le paysage, la plaine en bas. C'est le lieu habituel du repas. Superbe panorama. On s’installe avec une petite table basse, des chaises.

Justine distribue les assiettes et sert le « bouillon » : viande de bœuf cuite dans un bouillon épicé avec des légumes, dont le piment vert. C’est accompagné de pain sec local. Nous mangeons un peu silencieusement, je fais un peu la conversation.

Il est normal de ne pas parler pendant le repas. La maman de Justine ne parle pas le français. J’ai osé la saluer en Kabyé, cela lui a fait une forte impression !!!

Derrière nous, à quelques mètres s’installent le grand jeune homme et deux femmes qui sont arrivées, je ne sais pas comment.

J’apprends que le grand jeune est le "maisonnier". En fait, la maison de famille qui se trouve ici est gardée pendant l'année car la maman habite à Lomé maintenant. C’est le maisonnier qui garde et habite la maison, il cultive aussi les terres.

Je mange le petit légume vert, et je commence à pleurer, c’est le piment vert. Je continue à manger et me mouche car « ça coule ». Justine s’excuse de ne pas m'avoir prévenu mais on peut continuer à manger. On en rit. Mon voisin, le conducteur, croque son piment sans souci.

Justine sert ensuite le vin rouge qu’elle a apporté de France, un vin du sud, sucré, doux. Puis on me sert la calebasse de « tchoucoudou », la boisson à base de mil fermenté ( à Kara, on dit "tchouc"). Elle est de la veille, c’est bon, pas trop d’alcool.

Puis la banane.

La nuit est tombée rapidement pendant le repas ( vers 18h30). On a apporté des lampes de poche ou à poser (à piles) qu’on dispose autour de nous. C’est très paisible et agréable. il y a toujours une brise agréable.

Enfin, nous nous levons puis nous redescendons dans le noir vers la voiture avec les torches : quelqu'un me dit qu'il va torcher !