Dimanche 14 janvier, repos !

Comme chaque matin, je me réveille vers 5h30 dans le silence de mes bouchons d'oreilles. Il m'est indispensable d'avoir des bouchons d'oreilles sinon, ce serait un réveil vers 4h15 avec les appels à la prière des musulmans.

Je n'ai pas de rendez-vous, je peux compléter le blog longuement.

Comme je me suis installé dans la cour du Foyer, j'ai pu discuter aussi avec les présents : Bernard qui était de permanence de nuit, puis Innocent qui a pris la permanence, les jeunes qui osent m'approcher.

Les jeunes sont nés dans une culture où le respect des adultes est très développé : on ne regarde pas l'adulte qui nous parle, on ne monte pas le ton donc on parle toujours bas de peur que ce soit trop fort, on salue matin, midi et soir, on doit  transporter les affaires d'un adulte comme mon ordi portable si je dois me déplacer avec. Je ne connais que peu de choses de cette culture. Et il y a beaucoup de comportements codifiés de même pour la femme envers l'homme. Et ceux du gendre pour sa belle famille : il faut vraiment avoir beaucoup d'abnégation pour être gendre : il est considéré comme une pièce rapportée au sens fort.

Je remarque que les jeunes hommes ont encore ces pratiques mais il y a des changements. Michel ose laver la vaisselle du repas du dimanche mais il me dit qu'il doit être un des rares hommes togolais à le faire. Il fait partie d'un groupe de réflexion de couples chrétiens. C'est là qu'il puise des idées de nouveaux comportements dans son couple. Je crois qu'il en est très fier et heureux.

Les jeunes viennent me faire dire par un adulte que je suis invité à manger avec eux pour le midi ! C'est rituel, une fois dans chaque séjour. Ce midi, ce sera pâtes en sauce tomate et œuf dur. (Maintenant, les pâtes sont de plusieurs formes, alors qu'il y a 10 ans, il n'y avait que les spaghettis).

Et pendant ce repas, j'en profite pour leur demander s'ils sont d'accord pour une randonnée à la journée dans les montagnes toutes proches. Tous sont pour ! Ils sont d'âge collège ou lycée, et plus pour certains apprentis. On met au point les conditions pour cette randonnée. On la fixe au samedi 27 s'il n'y a pas de travaux à la ferme du Foyer.

L'après-midi, après la sieste, je pars à pied visiter Luc, un ancien du Foyer, chez lui.

Une rue de Kara, comme la plupart des rues, avec de la végétation pour celle-ci.

Une rue ordinaire de Kara pour me rendre chez Luc

La rue continue mais goudronnée !

Ce sera un grand honneur de recevoir une visite d'un vieux comme moi, et "blanc" en plus ! Il habite une chambre de 9 m² dans une petite cour composée de logements du même type. Il a le courant électrique et un robinet d'eau au dehors.

Luc est assis à droite devant sa "chambre". On aperçoit les douches commune un peu plus loin.

Je rentre pour 16h30 car un autre ancien doit venir me voir, c'est Nestor. J'ai une amitié particulière pour Nestor. Nous avons beaucoup "bricolé ensemble". Le fait de m'avoir beaucoup côtoyé l'a ouvert à un autre monde, et je vois qu'il s'en porte mieux. Il me dit "qu'il me doit tout". Son oncle me confirme cela.

Nestor repartira vers 21h00 ce dimanche soir. Ça a été un très bon moment.

( Catherine relie mes articles et corrige ! 😘)

Comments

[Thibault PICHOT]

Tout homme est pétri de la culture et de l’éducation dans lesquelles il grandit, il évolue. A chacun, ensuite, de les utiliser comme il le veut, comme il le peut. Je me demande souvent comment je comprendrais l’apartheid si j’étais simplement né en Afrique du Sud par exemple ou de quelle manière je considérais les Juifs si je vivais sous un régime fasciste. Aurais-je et la capacité de penser et le courage de m’opposer à la vision ambiante ? Je ne fais évidemment aucune comparaison avec ce qui se passe au Togo mais cela ne m’empêche pas d’admirer le comportement de Michel dans son rôle d’époux : il agit selon sa conscience… c’est beau, presque émouvant ! Et il a le droit d’en être heureux et fier !… D’après tes lignes, Gilles, je ressens que le groupe de couples chrétiens – auquel Michel prend part – se rapproche du mouvement Vivre & Aimer dans sa philosophie : comment mieux aimer l’autre dans un respect mutuel ?…
Luc, les jeunes du foyer ou encore Nestor doivent aussi ressentir cette bienveillance, cette sincérité dans la relation que tu entretiens avec eux. Ils te respectent autant que tu les respectes – dans une saine communion humaine.